L’Observatoire des métiers du numérique, de l’ingénierie, du conseil et de l’évènement (OPIIEC) a entrepris d’identifier les besoins en compétences, emploi et formation des entreprises de la filière numérique face aux obligations de réduction de leur empreinte environnementale.
Les entreprises du secteur du numérique et des bureaux d’études regardent les ambitions et l’obligation de diminution de l’empreinte environnementale, « comme une simple évolution technologique s’ajoutant à celles qu’elles ont déjà surmontées… Le secteur est par ailleurs rompu aux innovations permanentes et se considère donc parfaitement capable d’intégrer ce nouveau paradigme ».
« Le critère environnemental monte déjà en puissance dans les recrutements, tant côté employeur que candidat, notamment auprès des jeunes diplômés », constate l’OPIEEC. « L’offre de formation manque à ce jour de maturité et de lisibilité : elle n’est pas encore armée pour répondre aux enjeux de demain, en dépit d’un vrai foisonnement de solutions offertes aux entreprises ».
De nouveaux métiers ...
« Si les métiers de base ne sont pas révolutionnés par la transition écologique, de nouvelles expertises semblent se développer en réponse aux enjeux de sobriété numérique ».
Quelques métiers « nouveaux » émergent ainsi au sein des organisations de plus grandes tailles.
- Responsable Numérique Responsable : il/elle apporte de l’expertise et fait l’interface entre la DSI, la RSE et la DG. Il/elle créé de la valeur au travers de la démarche de conception responsable des produits et services numériques.
- Directeur.ice du développement durable : il/elle supervise les impacts, activités et aspirations d’une organisation en matière de développement durable. « Le métier s’impose aux entreprises pour piloter les stratégies liées au développement durable et aux enjeux de sobriété de manière générale. Ces acteurs supervisent des chefs de projets chefs de services responsables et travaillent à temps plein sur ces thématiques ».
- Auditeur.ice carbone : il/elle effectue des « photographies exhaustives » de l’ensemble des émissions de GES d’une organisation, d’un évènement ou d’un projet en particulier. Il/Elle facilite la prise de décision en termes d’actions à mener pour réduire l’impact carbone.
- Formateur.ice Numérique Responsable : il/elle apporte de l’expertise et épaule les responsables Green IT. Il/Elle est chargé.e de sensibiliser et de former les équipes internes.
« Ces nouveaux métiers sont plutôt réservés aux entreprises de taille importante », souligne l’OPIEEC. « Dans les entreprises de plus petite taille, ces fonctions sont souvent intégrées au sein de la direction générale, voire la direction technique ».
... et des compétences nouvelles pour les métiers de base
Si la cartographie des métiers n’est que très peu impactée, « tous les métiers devront impérativement se plier aux exigences de réduction de l’impact du numérique : directions, fonctions commerciale et marketing, directions techniques / produits, mais également tout type d’autres fonctions support ».
L’étude recense une série de compétences clés en lien direct avec la diminution de l’empreinte environnementale du numérique.
- S’agissant des matériels, il s’agit de savoir utiliser les périphériques d’entrée (souris, trackpad, tablette, micro, câble Ethernet…), de maitriser les périphériques de traitement (processeur, microprocesseur, CPU, carte mère …), les périphériques de stockage, de comprendre les périphériques de sortie (écrans, dispositifs de sortie réseaux ou encore les différents ports …), de comprendre l’alimentation des appareils, de maîtriser les interactions homme-machine.
- S’agissant des logiciels, il importe de maîtriser l’écoconception logicielle via différents outils, l’interface utilisateur (UX Design), l’automatisation et l’environnement d’intégration continue.
- S’agissant enfin du réseau et de l’informatique en nuage, il s’agit de maîtriser l’architecture sous toutes ses formes (fonctionnel, solution, applicatif, de données, logiciel, intégration, technique), de maîtriser les architectures d’informatique en nuage (privées, hybrides, publiques) et la virtualisation.
Une offre de formation insuffisante en nombre, peu lisible et selon une majorité d’acteurs mal adaptée
« La formation initiale reste (pour le moment) assez pauvre sur le sujet : quelques écoles d’ingénieurs et universités offrent des modules liés au sujet » comme par exemple l’ESAIP d’Angers et l’Université de La Rochelle. « Mais le sujet n’est malheureusement qu’effleuré dans la majorité des formations ».
Cette offre de formation initiale trop sommaire ne couvre pas tout le spectre de la thématique.
L’OPIEEC pointe, notamment :
- « L’absence d’un cursus de formation totalement dédié à la thématique »
- « Des formations effleurant le sujet de l’éco-conception (Analyse du cycle de vie-ACV) et n’entrant pas en profondeur dans l’optimisation numérique »
- « Des écoles de commerce et d’ingénieurs insuffisamment impliquées »
- « Des étudiants parfois contraints de s’autoformer de leur propre initiative pour acquérir un socle de connaissances ».
S’agissant de la formation continue, l’OPIEEC constate « un foisonnement d’offres », et même « un effet Far West », tant il est « difficile de s’y retrouver ». Cela tient à la multiplicité des acteurs qui se positionnent pour des formations sur ce thème : entreprises de services numériques (ESN), cabinets de conseil, organismes de formation, associations. Avec des modules de formation complémentaires qui restent, souvent, « trop génériques ».
Un plan d'action ?
L’étude de l’OPIIEC propose, en conclusion, un plan d’action :
- Définir et clarifier la notion d’empreinte environnementale du numérique ;
- Sensibiliser l’ensemble des acteurs de l’écosystème ;
- Densifier et fiabiliser l’offre de formation technique ;
- Adapter la cartographie des métiers.
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