Une gouvernance large indispensable pour mener des projets données & transition environnementale
Les politiques de transition environnementale sont nombreuses et variées et concernent de multiples services (espaces verts, urbanisme, logement, mobilités, etc.). « Dans le cadre des six expérimentations, une nouvelle problématique est apparue : les groupes de travail regroupaient de nombreux services et partenaires externes, parfois spécialistes uniquement de la donnée, parfois de la transition environnementale, rarement les deux. Alors que la constitution de binômes métiers / data relevait déjà d’un exercice fragile (vocabulaire, compétences spécifiques, feuille de route, coordination projet inter-service, portage politique), les projets de transition environnementale réunissent encore davantage d’acteurs ». La gouvernance partenariale de ces projets transverses est donc un enjeu majeur à anticiper.
Un partage de données encore trop timide
Les politiques de transition environnementale, transverses par excellence, supposent que les compétences et l’exploitation des données se fassent nécessairement à plusieurs échelons administratifs (commune, intercommunalité, départements, régions et services déconcentrés de l’État). « À défaut d’une parfaite collaboration entre les échelons, les données produites et réutilisées par chacun d’entre eux doivent pouvoir être facilement accessibles, de préférence en open data ou dans des cercles de confiance ouverts. Force est de constater que ce n’est pas encore le cas partout. Lors de cette expérimentation, de nombreux obstacles ont été observés en lien avec le manque de moyens techniques et humains des communes en matière de SIG (absence d’inventaire data réalisé en amont, difficulté d’acquisition des bons logiciels, manque de compétences en interne) : ainsi, l’open data n’est pas toujours un réflexe, malgré l’obligation légale d’ouverture des données promue par la loi République Numérique dès 2016 ».
Des compétences données encore trop cloisonnées
Les services métiers sont souvent dépendants de l’expertise technique de la donnée d’un service spécialisé (Direction des Services Informatiques, ou service SIG). « À l'exception de pratiques métiers très spécialisées, les services expriment, de façon systématique, le besoin de monter en compétences pour collecter, manipuler et valoriser des données, internes ou externes. Dans ce sens, la formation des agents territoriaux à la donnée se révèle aujourd’hui essentielle ».
Des bases de données aux formats encore trop hétérogènes
« Tous les participants aux expérimentations ont fait part de la complexité, et souvent de la non-pertinence, des masses gigantesques de données issues de nombreux acteurs. Souvent pensées dans une approche strictement “producteurs” et pour des cercles fermés de réutilisateurs, les données ne sont pas Faciles à trouver. Elles ne sont pas souvent librement Accessibles (contrôle d’accès ou visualisation sans téléchargement possible). Elles sont difficilement exploitables par manque d’Interopérabilité (des référentiels techniques, temporels et spatiaux inadaptés ou incompatibles). Enfin, elles ne sont pas pensées pour leurs futures Réutilisations (interface technique complexe, peu adaptée à l’usage réel des collectivités). Ces principes pour une bonne réutilisation des données publiques, connus sous le terme “FAIR” ne sont pas assez pris en compte par les producteurs de données publiques ». Dans cet esprit, le Ministère de la Transition Écologique publiera prochainement le portail Ecosphères qui proposera un accès amélioré aux quelques dizaines de milliers de données qu’il référencera.
Une nécessaire priorisation des projets pour s’inscrire dans la durée
Face à la complexité croissante de la réglementation, la diversité des acteurs et des jeux et formats de données, il est plus que nécessaire de disposer d’un vocabulaire de données et d’indicateurs communs. « Au regard de la multiplicité des indicateurs de la transition environnementale, les collectivités locales doivent aujourd’hui prioriser leurs objectifs. Cette priorisation se réalisera en fonction de la réalité de leur territoire, le but principal étant d’aboutir à des projets pérennes. Aussi, le principal enjeu pour les acteurs des six territoires présentés reste la mobilisation des ressources dans la durée (compétences, partenaires et budget). Un portage politique fort s’avère donc essentiel. Il s’agit de privilégier le long-terme, en se focalisant sur une phase de conception (d’une action ou solution étudiée) suffisamment solide pour bien intégrer l’ensemble des acteurs concernés. Pour cela, des alliances et coalitions d’acteurs territoriaux sont à construire, s’appuyant notamment sur les membres de la société civile ».