« La donnée géographique est partout : géolocalisation pour un foisonnement d’applications, expériences immersives, plans d’urbanisation, plans de prévention des risques, territoires intelligents, etc. Dans le même temps, la connaissance du territoire n’a jamais été aussi nécessaire alors que notre planète fait face à des bouleversements rapides et violents – (inondations, feux de forêts, montée des eaux, sécheresse) : l’anthropocène lance un nouveau défi à la géographie. Le numérique a démocratisé et ouvert de nouvelles perspectives pour les outils cartographiques qui permettent de relever ce défi. Avec des traitements automatisés à la puissance décuplée, par l’intelligence artificielle, d’immenses capacités de stockage, et le croisement d’une quantité toujours plus grande de données, on peut désormais bâtir de véritables postes de pilotage des phénomènes se déroulant sur notre territoire. C’est vrai aussi de la forêt que l’IGN suit au titre de l’Inventaire qu’il conduit chaque année.Face aux périls environnementaux et informationnels, il faut savoir à la fois observer précisément le territoire et prendre du recul pour aider à la décision et construire un futur partagé. Et pour que la cartographie publique soit un instrument d’émancipation face a ces bouleversements, il faut s’y engager non seulement pour les citoyens et les territoires mais aussi avec eux : ces deux dimensions indissociables forment les géo-communs. » Trois ans après le rapport sur les données géographiques souveraines, qui avait appelé l’État à soutenir pleinement la transformation de l’Institut national de l’information géographique et forestière, l'établissement public dégage une « boussole » pour l’ensemble de ses activités, notamment dans le domaine de la forêt, clarifie sa raison d’être et prend désormais pour signature « IGN, changer d’échelle ».
Dix chantiersPour donner corps à ce nouvel élan, dix chantiers sont mis en avant. Ces dix chantiers valorisent pour certains des projets déjà engagés, ainsi remis en perspective.
IGN observateur du territoire national en continu
L’Institut va recentrer et développer ses activités de production et de valorisation sur la cartographie de l’anthropocène, en tirant profit de sa capacité d’innovation (nouveaux référentiels, croisements des sources de données, automatisation des traitements par algorithmes d’apprentissage profond…), accrue par le recrutement et la formation de nouvelles compétences, ainsi qu’au travers de partenariats avec des industriels et des startups.
Des cartes de l’anthropocène : publication régulière (tous les un à trois ans) de cartes sur un nombre limité d’enjeux écologiques majeurs, notamment la vigueur des forêts, l’évolution des relief et des cours d’eau, l’artificialisation des sols, le potentiel de biodiversité… et d’autres thèmes à définir en appui aux politiques publiques ; les cartes pourront être enrichies en observatoires thématiques avec des partenaires, par exemple sur la forêt, et par des rendez-vous pour partager les constats.
Un modèle 3D France entière : acquisition Lidar haute densité aéroporté 2021-2025, mise à disposition progressive des données ouvertes et travail sur l’exploitation de ces données avec les secteurs clé (ville, forêt, agriculture, bâtiment, infrastructures..).
Un plan de recrutement et de formation (IA, data science, altimétrie 3D, géovisusalisation, développement agile…) s’appuyant sur une démarche d’attractivité (politique salariale, cadre de travail, communication), ainsi que sur l’école de l’IGN, l’ENSG-Géomatique ; un projet managérial et humain pour des équipes actrices des ambitions de l’institut.
IGN acteur des « communs numériques »
L’acquis de l’ouverture des données permet de changer d’échelle dans la coproduction avec des partenaires et des communautés contributives (cartes et logiciels libres) ; si l’Institut ne peut répondre à tous les besoins par lui-même (ex. données locales, mobilité…), il doit investir à plein son rôle de rassemblement des parties prenantes autour de défis d’intérêt commun.
Une « place à communs », équivalent d’une place de marché pour les communs, par des « appels à communs » pour rassembler les acteurs intéressés autour de défis collectifs (déjà identifiés : streetview, base routière navigable), une Fabrique des géo-communs pour développer ces thèmes et d’autres projets IGN avec l’écosystème, la Géoplateforme, infrastructure ouverte aux communs et acteurs publics pour l’hébergement et le partage de données.
Un système de labels pour des partenaires publics ou des communautés contributives habilités à enrichir et mettre à jour en autonomie la base « BD France » de l’IGN ; les données faisant autorité resteront garanties par un agent de l’institut.
Un « forum IGNfab », enceinte d’échange avec les entrepreneurs du secteur, acteurs de l’innovation et de la French tech pour construire des visions partagées et tisser le cas échéant des partenariats ; le programme IGNfab actuel d’appui aux startups demeure et s’enrichira avec l’appui du forum.
IGN cartographe, compagnon des découvertes et des représentations
Le numérique démultiplie le potentiel de la carte comme outil de médiation ; l’histoire, les savoir-faire de l’Institut, son rayonnement scientifique, ses cartes papiers et numériques sont à mobiliser pour toucher nos concitoyens, enrichir leurs visions du territoire et sensibiliser la jeunesse, directement et par un réseau d’alliances à nouer (publics scolaires, loisirs et tourisme, patrimoine, carte comme support créatif...).
Un plan pour smartphones alternatif à Google et Apple, qui respecte la richesse du territoire et la liberté des utilisateurs, à co-construire dans la Fabrique des Géo-communs.
De nouvelles cartes papier : de nouvelles cartes papier pour répondre aux attentes des Français (reconnexion à la nature, patrimoine, vélo…) et des cartes au 1 :25 000 plus fraîches et accessibles.
Le guichet « Cartographe du service public » : mise en place d’un service d’appui à toutes les administrations locales ou nationales désireuses d’utiliser la carte comme outil de médiation ou de pilotage des politiques publiques ; ce service valorisera les fonctionnalités de géovisualisation et d’hébergement de la Géoplateforme pour les administrations qui le souhaitent.
Des programmes de partage, de vulgarisation scientifique et de sensibilisation citoyenne autour de la cartographie et des enjeux auxquels elle peut contribuer, incarnés par des lieux : musée des Arts et Métiers (patrimoine), Géoroom à Saint-Mandé (public scolaire, acteurs des communs), des sites de l’IGN en région.
L’IGN fixera des rendez-vous réguliers, dont le premier est prévu à l’été 2022 pour faire état de l’avancement et de la concrétisation de ces chantiers.
Un nouveau modèle économique pour l’IGN et les Géocommuns à l’ordre du jourAprès l’ouverture et la gratuité de l'essentiel des données de l’IGN depuis le 1er janvier 2021, l’IGN désormais dans « une dynamique de construction des communs : un ensemble de bases de données d’information géographique (production) et d’outils numériques (diffusion) accessibles au plus grand nombre».« À la différence de ce que pratiquent les géants du numérique, les géo-communs obéissent à une gouvernance ouverte, de nature à garantir leur partage et leur pleine maîtrise et appropriation par un large écosystème d’acteurs citoyens, publics et privés ».L’IGN avait lancé en mai 2021 une concertation baptisé « Géocommuns, avançons ensemble ! », déployé auprès des acteurs-utilisateurs des géodonnées et de l’ensemble des équipes de l'IGN. « Car imaginer la trajectoire des géo-communs ne peut se faire sans écouter les usagers, les partenaires et la communauté interne de l'institut ».