Une étude, menée conjointement par l’Ademe (Agence de la transition écologique) et l’Arcep avait dressé début 2022 un état des lieux de l’impact des services numériques en France : le principal enseignement de cette étude était que la fabrication constituait l’étape du cycle de vie dont l’impact environnemental est le plus fort. Et la partie « terminaux » (c’est-à-dire nos appareils numériques) est de loin la partie la plus marquante.
L’Ademe entrepris de mesurer les bénéfices environnementaux générés par le reconditionnement des équipements : un travail mené dans un premier temps sur les smartphones.
Les bénéfices du reconditionnement
Pour mesurer les bénéfices environnementaux du reconditionnement, l’Ademe a collaboré avec l’ensemble des parties prenantes du secteur en France. Elle s’est dans un premier temps concentrée sur le smartphone, d’autres résultats viendront plus tard sur d’autres équipements (ordinateurs, tablettes et consoles de jeu).
En ressortent plusieurs chiffres intéressants, qui constituent des moyennes variables en fonction de certains critères, comme la durée d’usage du produit antérieure à son reconditionnement ainsi que les conditions de ce reconditionnement.
- En moyenne, l’acquisition d’un smartphone reconditionné permettrait ainsi la réduction d’impact environnemental annuel de 77 % à 91 % par rapport à un achat neuf, en fonction des indicateurs.
- Sur l’empreinte « changement climatique », en particulier, l’impact chute de 87 %. Ce choix évite également l’extraction de 82 kg de matières premières et les émissions de 23 kg de gaz à effet de serre sur un an par smartphone reconditionné (versus neuf).
- Plus l’appareil reconditionné est utilisé longtemps, plus l’économie de matière et de gaz à effet de serre est élevée – dans la mesure où l’on substitue l’appareil reconditionné à un neuf.
Raphaël Guastavi, Chef du service Ecoconception & Recyclage de l’Ademe (Agence de la transition écologique) rappelle que son équipe n’a pas cherché dans cette étude « ni à minimiser ni à maximiser le bénéfice environnemental, puisque nous avons tenu compte de cas où étaient changées des pièces maîtresses telles que l’écran et la batterie : même dans ces cas-là et y compris lorsque sont intégrés à la vente des accessoires neufs – chargeur et écouteurs, ce qui est souvent le cas – l’impact environnemental demeure plus de 2 à 4 fois moins important que dans la production d’un équipement neuf. Et ce, quand bien même le reconditionnement est effectué à l’étranger, dans des pays de l’Est ou en Chine, par exemple ».
En tenant compte de ces éléments et de la place prépondérante de la phase de fabrication dans l’impact environnemental du numérique, conclut Raphaël Guastavi, « il apparaît essentiel de limiter le suréquipement, d’allonger au maximum la durée de vie des appareils, en les entretenant, en les faisant réparer et en se tournant vers de l’occasion ou du reconditionnement lorsque l’on en change, cette dernière option offrant des garanties de fonctionnement ».
Bonnes pratiques pour un reconditionnement optimal
Le reconditionnement n’étant pas pour autant exempt d’impacts, il est préférable pour les consommateurs de privilégier des produits issus d’un reconditionnement local et d’éviter les modèles reconditionnés trop récents afin d’encourager la logique d’allongement d’usage.
Côté reconditionneurs, plusieurs pistes existent pour améliorer l’empreinte de leur pratique : essayer de collecter des téléphones usagés localement, favoriser des pièces de rechange de seconde main, proposer au client de ne pas fournir d’accessoires neufs systématiquement et déployer des ateliers de réparation en France plutôt qu’à l’étranger.
Il s’agit aussi de professionnaliser le reconditionnement. « D’abord en proposant une démarche de service de qualité avec un bon service après-vente afin de donner confiance aux clients dans l’achat d’équipements reconditionnés. Également en optimisant les processus, en développant l’innovation, en automatisant certaines tâches afin de réaliser des économies d’échelle et, par ricochet, de baisser les prix afin de rendre la différence de prix entre le neuf et le reconditionné plus attractive. Enfin, en diminuant les consommations d’énergie et d’eau du site de reconditionnement, qui pèsent dans l’empreinte de ce dernier ».
Références :