Inscrite dans la loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation, incluse dans le Socle commun des connaissances et des compétences et de culture en 2015, l’éducation aux médias et à l’information (EMI) est entrée officiellement en tant que telle dans les nouveaux programmes de l’Education Nationale, après avoir longtemps campé dans ses marges.
Dans une note d’analyse, le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) observait, toutefois, que l’institution scolaire ne paraît pas, pour autant, « pleinement accompagner les jeunes dans un univers informationnel en mutation marqué par des débats forts autour des réseaux sociaux et des infox qui s’y propagent. Ainsi, l’éducation aux médias, en tant qu’objet d’étude, n’est abordée que dans la moitié des collèges et lycées. Celle-ci semble se résumer, le plus souvent, à une éducation par les médias (en utilisant des supports d’information de type article de journal ou documentaire télévisé), même si, à l’école, les élèves considèrent largement que les cours d’enseignement moral et civique (EMC) leur permettent de mieux comprendre l’actualité ».
Le Ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports annonce de nouvelles initiatives pour renforcer et généraliser l'éducation aux médias et à l'information.
Référence :
« Transversal, l'apprentissage des médias et de l'information se déploie tout au long de la scolarité »
Dans une circulaire, le directeur général de l'enseignement scolaire a présenté, fin janvier, de nouvelles initiatives en vue de renforcer et généraliser l’éducation aux médias et à l’information (EMI).« L'EMI doit ainsi connaître une nouvelle dynamique fondée sur le développement des projets pédagogiques, le renforcement des réseaux d'acteurs et l'accompagnement des pratiques pédagogiques dans les établissements ».Ce renforcement répond à une attente qui s'était exprimée lors des états généraux du numérique pour l'éducation à travers la proposition n° 12 « Développer la citoyenneté numérique et renforcer l'éducation aux médias et à l'information en s'appuyant sur le Clemi ».
Dans cette circulaire, le directeur général de l'enseignement scolaire rappelle l’objectif d'une éducation aux médias et à l'information : « permettre aux élèves d'exercer leur citoyenneté dans une société de l'information et de la communication, de former des citoyens éclairés et responsables, capables de s'informer de manière autonome en exerçant leur esprit critique ».
« Transversal, l'apprentissage des médias et de l'information se déploie tout au long de la scolarité, du cycle 2 au lycée, dans tous les enseignements, notamment par le biais des professeurs documentalistes. Le nouvel enseignement obligatoire en classe de seconde générale et technologique Sciences numériques et technologie donne notamment un nouveau cadre propice à l'EMI ».Une webradio dans chaque collège« Compte tenu des possibilités qu'offre une webradio sans nécessiter de notions techniques trop complexes », la circulaire fixe un objectif : « soutenir, dès le premier semestre 2022, la création d'une webradio dans chaque collège qui n'en serait pas déjà équipé, sur la base du volontariat et de l'identification de territoires prioritaires en matière d'accompagnement par les équipes académiques ».« Comme tout média scolaire », commente la circulaire, « la webradio permet à chaque élève qui s'y investit de développer des compétences fondamentales comme lire, écrire, s'exprimer, argumenter, réfléchir et exercer son esprit critique. Cela lui donne l'occasion d'entretenir des rapports différents avec les enseignants qui animent le projet, mais aussi d'être reconnu dans sa capacité d'initiative, sa prise de responsabilité, sa créativité et ses compétences transversales ».La web radio est « un excellent outil pour leur faire comprendre comment se fabrique l'information et apprendre à se prémunir contre les manipulations qui peuvent l'altérer. Ils y apprennent à publier, à rechercher des informations fiables, à les recouper et les traiter, ce qui enrichit leur pratique spontanée des réseaux sociaux et d'internet. Ils s'expriment sur l'actualité et les sujets qui leur tiennent à cœur et peuvent même se familiariser avec la responsabilité éditoriale. L'existence d'un média scolaire contribue par ailleurs au dynamisme de la vie de l'établissement, en favorisant le dialogue entre tous les acteurs ».
Chaque webradio sera adossée à un partenariat avec la presse écrite, locale, régionale ou nationale, ainsi qu'avec les acteurs de l'audiovisuel. « L'objectif est que chaque collège puisse être parrainé par un organe de presse, dont les journalistes ou techniciens accompagnent les élèves dans la fabrication de l'information et la gestion de la webradio ».
L'équipement nécessaire à une webradio sera inscrit dans le socle numérique de base des collèges par la direction du numérique pour l'éducation (DNE) à partir de janvier 2022 pour aménager un studio média dans une salle spécifique avec a minima :
- logiciels d'enregistrement libres/spécialisés ;
- téléphone mobile ou tablette connectée à une table de mixage pour transmettre des sons préenregistrés ;
- micros, casques et enceintes.
Référence :
Éducation aux médias et à l’information : une « éducation à » ou un « enseignement » ?
Dans un billet publié par The Conversation, Divina Frau-Meigs, Professeur des sciences de l'information et de la communication, commente cette circulaire. Après avoir rappelé le « regain d’intérêt » que connaît l’EMI (urgence de la lutte contre les infox et la circulation des discours de haine, salve de textes officiels, l’EMI reconnue comme un des piliers du Plan d’action contre la désinformation de l’Union européenne…), Divina Frau-Meigs observe que cette circulaire ancre « définitivement le vocable EMI, « éducation aux médias et à l’information » au lieu de l’expression « éducation aux médias » (…). Ainsi se réalisent les souhaits des tenants historiques de l’EMI en faveur d’une approche transversale, et la validation de certaines valeurs chères à cette éducation, en lien à la citoyenneté et la démocratie ».Divina Frau-Meigs regrette toutefois l’absence d’un « cadre clair pour l’EMI, qui passerait par un horaire dédié dans chaque cycle scolaire. L’existant est confirmé, notamment l’insertion dans d’autres disciplines. Des rajouts sont opérés à la marge, comme le déploiement de web radios dans les collèges ».
« Malgré toute l’attention et toutes les préconisations, observe Divina Frau-Meigs, l’EMI reste une « éducation à » et non un enseignement, contrairement aux enseignements transversaux récemment créés que sont l’EMC (Enseignement moral et civique) et les SNT (Sciences numériques et technologie). Sans ce statut », s’interroge-t-elle, « comment donner aux enseignants la motivation de s’y former et aux instances d’évaluation de la mettre au rang des compétences mesurées ? Le risque est que l’EMI se dilue dans les disciplines et qu’on ne puisse réellement mesurer son efficacité. Il tient également au manque de clarification par rapport au brouillage actuel entre EMC et EMI, l’enseignement moral et civique (EMC) ».« Il faut désormais savoir naviguer et publier en ligne, faire preuve d’esprit critique pour discerner l’information de qualité, créer des contenus pertinents et innovants, assurer sa présence en ligne, fonctionner en mode projet, résoudre des problèmes complexes, voire des conflits (dans le cas de la désinformation)».Divina Frau-Meigs pointe quatre « obstacles et interférences [...] qui entravent une partie de la propagation de l’EMI comme enseignement :
- une désarmante difficulté de la « forme scolaire » à inclure les pédagogies de projets et les thématiques EMI dans des disciplines fondées sur des programmes déjà très complets ;
- une réelle réticence à penser l’« information » dans tous ses états, que ce soit par l’actualité, la documentation ou la donnée, sans oublier l’information « sociale » véhiculée par les séries, les selfies, les stories et autres streams, véritable angle mort de l’EMI actuelle, loin des modes de consommation des jeunes ;
- une craintive circonspection à s’emparer à bras le corps des compétences du XXIe siècle, pour beaucoup associées au traitement de l’information, et de regarder vers l’avenir, que ce soit celui de la désinformation, de l’éducation ou des médias, qui passe par l’IA, les algorithmes, les espaces immersifs, etc. Cela implique de penser l’EMI dans le cadre de l’employabilité et pas seulement de la citoyenneté ;
- une séductrice solution pour les personnalités politiques afin de promouvoir la lutte contre la désinformation. Or, l’EMI promeut également la créativité, l’expression personnelle et la participation tout en formant à la sécurité en ligne, à la consommation avertie et à la résolution de conflits ».
Référence :
Un guide pour l’éducation aux médias et à l’information
Ce guide, conçu par le ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports avec le CLEMI et en collaboration avec le ministère de la Culture, a pour ambition de favoriser la généralisation de l’EMI par la mobilisation des enseignants de toute discipline, ainsi que des personnels d’encadrement (chefs d’établissement, corps d’inspection).Il permet de :
- s’approprier les enjeux de l’EMI dans le cadre scolaire ;
- repérer comment les enseignements peuvent se nourrir de l’EMI et comment l’EMI peut s’enrichir des enseignements (éducation aux médias et à l’information & éducation par les médias et l’information) ;
- s’engager dans l’EMI selon plusieurs entrées, disciplinaires ou interdisciplinaires, et selon diverses modalités, dans le cadre des enseignements ou d’actions éducatives, en autonomie ou en partenariat, en mode projet.
Référence :
Vers une généralisation de l'éducation aux médias et à l'information dans les écoles, collèges et lycées
Inscrite dans la loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation, incluse dans le Socle commun des connaissances et des compétences et de culture en 2015, l’éducation aux médias et à l’information (EMI) est entrée officiellement en tant que telle dans les nouveaux programmes de l’Education Nationale, après avoir longtemps campé dans ses marges.
Dans une note d’analyse, le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) observait, toutefois, que l’institution scolaire ne paraît pas, pour autant, « pleinement accompagner les jeunes dans un univers informationnel en mutation marqué par des débats forts autour des réseaux sociaux et des infox qui s’y propagent. Ainsi, l’éducation aux médias, en tant qu’objet d’étude, n’est abordée que dans la moitié des collèges et lycées. Celle-ci semble se résumer, le plus souvent, à une éducation par les médias (en utilisant des supports d’information de type article de journal ou documentaire télévisé), même si, à l’école, les élèves considèrent largement que les cours d’enseignement moral et civique (EMC) leur permettent de mieux comprendre l’actualité ».
Le Ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports annonce de nouvelles initiatives pour renforcer et généraliser l'éducation aux médias et à l'information.
Référence :
« Transversal, l'apprentissage des médias et de l'information se déploie tout au long de la scolarité »
Dans une circulaire, le directeur général de l'enseignement scolaire a présenté, fin janvier, de nouvelles initiatives en vue de renforcer et généraliser l’éducation aux médias et à l’information (EMI).« L'EMI doit ainsi connaître une nouvelle dynamique fondée sur le développement des projets pédagogiques, le renforcement des réseaux d'acteurs et l'accompagnement des pratiques pédagogiques dans les établissements ».Ce renforcement répond à une attente qui s'était exprimée lors des états généraux du numérique pour l'éducation à travers la proposition n° 12 « Développer la citoyenneté numérique et renforcer l'éducation aux médias et à l'information en s'appuyant sur le Clemi ».
Dans cette circulaire, le directeur général de l'enseignement scolaire rappelle l’objectif d'une éducation aux médias et à l'information : « permettre aux élèves d'exercer leur citoyenneté dans une société de l'information et de la communication, de former des citoyens éclairés et responsables, capables de s'informer de manière autonome en exerçant leur esprit critique ».
« Transversal, l'apprentissage des médias et de l'information se déploie tout au long de la scolarité, du cycle 2 au lycée, dans tous les enseignements, notamment par le biais des professeurs documentalistes. Le nouvel enseignement obligatoire en classe de seconde générale et technologique Sciences numériques et technologie donne notamment un nouveau cadre propice à l'EMI ».Une webradio dans chaque collège« Compte tenu des possibilités qu'offre une webradio sans nécessiter de notions techniques trop complexes », la circulaire fixe un objectif : « soutenir, dès le premier semestre 2022, la création d'une webradio dans chaque collège qui n'en serait pas déjà équipé, sur la base du volontariat et de l'identification de territoires prioritaires en matière d'accompagnement par les équipes académiques ».« Comme tout média scolaire », commente la circulaire, « la webradio permet à chaque élève qui s'y investit de développer des compétences fondamentales comme lire, écrire, s'exprimer, argumenter, réfléchir et exercer son esprit critique. Cela lui donne l'occasion d'entretenir des rapports différents avec les enseignants qui animent le projet, mais aussi d'être reconnu dans sa capacité d'initiative, sa prise de responsabilité, sa créativité et ses compétences transversales ».La web radio est « un excellent outil pour leur faire comprendre comment se fabrique l'information et apprendre à se prémunir contre les manipulations qui peuvent l'altérer. Ils y apprennent à publier, à rechercher des informations fiables, à les recouper et les traiter, ce qui enrichit leur pratique spontanée des réseaux sociaux et d'internet. Ils s'expriment sur l'actualité et les sujets qui leur tiennent à cœur et peuvent même se familiariser avec la responsabilité éditoriale. L'existence d'un média scolaire contribue par ailleurs au dynamisme de la vie de l'établissement, en favorisant le dialogue entre tous les acteurs ».
Chaque webradio sera adossée à un partenariat avec la presse écrite, locale, régionale ou nationale, ainsi qu'avec les acteurs de l'audiovisuel. « L'objectif est que chaque collège puisse être parrainé par un organe de presse, dont les journalistes ou techniciens accompagnent les élèves dans la fabrication de l'information et la gestion de la webradio ».
L'équipement nécessaire à une webradio sera inscrit dans le socle numérique de base des collèges par la direction du numérique pour l'éducation (DNE) à partir de janvier 2022 pour aménager un studio média dans une salle spécifique avec a minima :
- logiciels d'enregistrement libres/spécialisés ;
- téléphone mobile ou tablette connectée à une table de mixage pour transmettre des sons préenregistrés ;
- micros, casques et enceintes.
Référence :
Éducation aux médias et à l’information : une « éducation à » ou un « enseignement » ?
Dans un billet publié par The Conversation, Divina Frau-Meigs, Professeur des sciences de l'information et de la communication, commente cette circulaire. Après avoir rappelé le « regain d’intérêt » que connaît l’EMI (urgence de la lutte contre les infox et la circulation des discours de haine, salve de textes officiels, l’EMI reconnue comme un des piliers du Plan d’action contre la désinformation de l’Union européenne…), Divina Frau-Meigs observe que cette circulaire ancre « définitivement le vocable EMI, « éducation aux médias et à l’information » au lieu de l’expression « éducation aux médias » (…). Ainsi se réalisent les souhaits des tenants historiques de l’EMI en faveur d’une approche transversale, et la validation de certaines valeurs chères à cette éducation, en lien à la citoyenneté et la démocratie ».Divina Frau-Meigs regrette toutefois l’absence d’un « cadre clair pour l’EMI, qui passerait par un horaire dédié dans chaque cycle scolaire. L’existant est confirmé, notamment l’insertion dans d’autres disciplines. Des rajouts sont opérés à la marge, comme le déploiement de web radios dans les collèges ».
« Malgré toute l’attention et toutes les préconisations, observe Divina Frau-Meigs, l’EMI reste une « éducation à » et non un enseignement, contrairement aux enseignements transversaux récemment créés que sont l’EMC (Enseignement moral et civique) et les SNT (Sciences numériques et technologie). Sans ce statut », s’interroge-t-elle, « comment donner aux enseignants la motivation de s’y former et aux instances d’évaluation de la mettre au rang des compétences mesurées ? Le risque est que l’EMI se dilue dans les disciplines et qu’on ne puisse réellement mesurer son efficacité. Il tient également au manque de clarification par rapport au brouillage actuel entre EMC et EMI, l’enseignement moral et civique (EMC) ».« Il faut désormais savoir naviguer et publier en ligne, faire preuve d’esprit critique pour discerner l’information de qualité, créer des contenus pertinents et innovants, assurer sa présence en ligne, fonctionner en mode projet, résoudre des problèmes complexes, voire des conflits (dans le cas de la désinformation)».Divina Frau-Meigs pointe quatre « obstacles et interférences [...] qui entravent une partie de la propagation de l’EMI comme enseignement :
- une désarmante difficulté de la « forme scolaire » à inclure les pédagogies de projets et les thématiques EMI dans des disciplines fondées sur des programmes déjà très complets ;
- une réelle réticence à penser l’« information » dans tous ses états, que ce soit par l’actualité, la documentation ou la donnée, sans oublier l’information « sociale » véhiculée par les séries, les selfies, les stories et autres streams, véritable angle mort de l’EMI actuelle, loin des modes de consommation des jeunes ;
- une craintive circonspection à s’emparer à bras le corps des compétences du XXIe siècle, pour beaucoup associées au traitement de l’information, et de regarder vers l’avenir, que ce soit celui de la désinformation, de l’éducation ou des médias, qui passe par l’IA, les algorithmes, les espaces immersifs, etc. Cela implique de penser l’EMI dans le cadre de l’employabilité et pas seulement de la citoyenneté ;
- une séductrice solution pour les personnalités politiques afin de promouvoir la lutte contre la désinformation. Or, l’EMI promeut également la créativité, l’expression personnelle et la participation tout en formant à la sécurité en ligne, à la consommation avertie et à la résolution de conflits ».
Référence :
Un guide pour l’éducation aux médias et à l’information
Ce guide, conçu par le ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports avec le CLEMI et en collaboration avec le ministère de la Culture, a pour ambition de favoriser la généralisation de l’EMI par la mobilisation des enseignants de toute discipline, ainsi que des personnels d’encadrement (chefs d’établissement, corps d’inspection).Il permet de :
- s’approprier les enjeux de l’EMI dans le cadre scolaire ;
- repérer comment les enseignements peuvent se nourrir de l’EMI et comment l’EMI peut s’enrichir des enseignements (éducation aux médias et à l’information & éducation par les médias et l’information) ;
- s’engager dans l’EMI selon plusieurs entrées, disciplinaires ou interdisciplinaires, et selon diverses modalités, dans le cadre des enseignements ou d’actions éducatives, en autonomie ou en partenariat, en mode projet.
Référence :
Labo Société Numérique